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mercredi 23 janvier 2013

La Transmission... Du Plaisir vers le Sentiment ... jusqu'à l'Art... un jour (partie 1)


Il y a quelques temps je suis partie en balade avec deux de mes élèves, l'idée c'était de partir galoper comme des folles sur la piste.


Il faisait beau, super doux, le ciel bleu, la vue sur les Pyrénées, c'était juste parfait... Après quelques tours au trot et surtout, après les avoir prévenues de ne surtout pas ouvrir la bouche et de beaucoup plisser les yeux je suis partie au grand galop. Toujours pousser le cheval au début pour qu'il ait envie de ralentir à la fin, l'inverse est le meilleur moyen de ne jamais s'arrêter... Les filles se sont éclatées, moi aussi, et puis l'avantage quand on est devant, c'est qu'on ne mange pas de sable. Ben oui, parce que le sable, c'est vraiment pas bon du tout ! D'ailleurs les filles sont d'accord, mais bon, c'est l'jeu ma pauv'Lucette, quand on est derrière on bouffe du sable épicétou !

En arrivant en bout de piste je leur ai dit de profiter de la chance qu'on avait, la vue, le soleil, la douceur, le bonheur de se retrouver comme ça sur le dos d'un animal aussi fascinant et généreux que le cheval. A leur âge on ne se rend pas compte de tout ça, on trouve ça normal, les parents se chargent de tout, on n'a que ses problèmes d'ado à gérer, ses petites histoires de coeur, de lycée ou de copains/copines... Mais quand on entame sa vie active, tout à coup on se rend compte que monter à cheval c'est un luxe, on n'a plus tellement le temps, on n'a pas vraiment les finances, et puis il faut y aller aussi, c'est que c'est pas forcément à côté le centre équestre de Tataouine les bains ! J'ai bien vu qu'elles ne voyaient pas trop de quoi je parlais... Profiter ? Mais profiter de quoi ? La vue on l'a tous les jours, et puis du poney on en fait tous les week-end !

C'est vrai, les montagnes ne disparaissent pas de la surface de la terre... Mais si l'on y regarde de plus près, les jours où l'on peut vraiment les voir distinctement sont très rares. Et puis on a beau dire, cela commence à faire quelques temps que je suis là, pour autant je crois bien qu'il ne s'est pas passé un seul jour où j'ai ressenti une impression de déjà vu en les regardant. La lumière, la neige, les nuages, la brume... Chaque fois que les Pyrénées veulent bien se  montrer, une nouvelle facette de leur "personnalité" nous apparaît, c'est presque magique tellement c'est époustouflant. Certains jours je pourrais y passer la journée, me dire que vraiment, il faut que je fasse quelque chose avec cet appareil photo qui n'est jamais là quand il faut ! Si seulement je pouvais imprimer les images que mes yeux perçoivent...

Bref, même si elles ne sont pas réceptives aujourd'hui, je suis certaine qu'un jour elles comprendront. J'ai d'ailleurs eu la preuve qu'elles intégraient très bien ce que je tentais de leur faire passer quelques minutes plus tard... Elles m'ont montré qu'elles avaient acquis quelque chose d'essentiel, quelque chose d'exceptionnel, quelque chose de magique : le sentiment. J'avais réussi à leur transmettre cette chose abstraite, cette chose si difficile à appréhender, quelle fierté de les voir et de les entendre m'expliquer que oui, ce tronc là, il leur faisait peur, il était gros, surtout pour des poneys, mais elles sentaient qu'elles pouvaient le faire, vraiment. Elles sentaient que c'étaient possible, peut-être se vautreraient-elles lamentablement mais  l'exercice serait bénéfique parce qu'elles avaient la sensation qu'il fallait le faire, que le couple qu'elles formaient avec leur monture était capable techniquement et mentalement d'amener et de produire cet effort de manière juste.

Je ne savais pas moi même si chacun séparément était capable d'effectuer cet exercice, l'obstacle était effectivement gros pour des poneys, et surtout c'était un obstacle fixe, si l'un d'eux laissaient les genoux dedans c'était la chute assurée. J'ai pris le parti de leur faire confiance, parce que le sentiment ça ne se commande pas, et quand on sait l'écouter on a peu de chance de se tromper. Et puis si mes poneys s'estimaient incapable de le faire ils s'arrêteraient, cependant je les sentais en confiance, sereins. Les filles m'ont fait deux abords magnifiques, l'équilibre, la cadence, l'impulsion, l'énergie, tout y était, c'était du beau boulot ! Ne restaient plus aux poneys qu'à faire le leur. Premier gros obstacle fixe de leur vie, un chouille trop de confiance mais du coup un mental d'acier (ça aussi c'est une fierté parce que c'était pas gagné d'avance), aucune marge, les genoux sont même à moitié restés dans l'obstacle mais le poil de poney ça glisse ! On n'est pas passé loin du panachage en règle mais les deux sont passés, de justesse mais passés... Ouf me direz vous... Pas sûr... 

En effet, la première cavalière avec sa petite tendance à se jeter sur le côté a été surprise par le passage de dos de sa jument et a été légèrement éjectée... Petite chute sans gravité après l'obstacle, une chute d'école, celle qui vous instruit et qui vous apprend que : on reste à sa place même pendant le saut, on n'essaie pas de se la jouer à la Mérédith Michaels Beerbaum sur 160 alors qu'on saute 110... La deuxième n'est pas tombée mais son poney (qui avait aussi laissé les genoux) a tellement monté le dos qu'elle s'est retrouvée couchée sur ses oreilles à la réception, il est gentil, il n'a pas baissé la tête... Mais c'est pas passé loin ! 

Pour moi et pour elles un succès total. Elles sont rentrées tellement fières et heureuses de l'avoir fait. Les chutes on s'en tape, l'important c'est d'avoir réussi à emmener leurs poneys avec assez de confiance pour qu'ils se pensent capable de le faire, n'importe quel cavalier vous dirait que c'est l'essentiel, le ciment qui forme le couple, qui crée l'osmose : la relation de confiance induite par une équitation juste qui rassure le cheval.

Difficile d'exprimer la sensation que cela procure, constater que l'on a réussi à transmettre une telle confiance, un tel sentiment de sécurité et la technique, évidemment, permettant à ses cavaliers comme à ses jeunes poneys de se confronter à de réelles difficultés. 5 ans ce n'est vraiment pas vieux pour atteindre la maturité leur permettant d'effectuer un exercice si compliqué, surtout avec des cavaliers pas si expérimentés que ça sur leur dos. Quel bonheur, quelle fierté de faire passer un savoir faire, un savoir être... 


En un mot comme en mille, quel bonheur, quelle fierté de parvenir à transmettre...



2 commentaires:

  1. Exultation(s) ...

    les galops larmes aux yeux souffle coupé , ds les chaumes (ou sur une piste), ça laisse des souvenirs inoubliables...

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  2. Faire confiance ! pas si simple ! mais quand on réussi à l'acquérir ou à la transmettre, effectivement, on peut sauter et faire sauter des montagnes !

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